vendredi 1 octobre 2021

La Loire

Parfois, lorsque mes pas me rapprochent de la Loire et que j'y contemple son lit défait par un rêve matinal, je me demande si c'est par toi qu'elle a la nuit entière était occupée. 

Je me demande si toi, plus bas sur ce cours qui charrie songes et merveilles, tu te surprends à regarder l'eau courir entre les berges, amusée par cette chevauchée libre et rapide. 

Je me demande si la crête de quelques remous que mes yeux ont foulée, attireront ton regard qui m'a si souvent perdu. 

Je me demande si au milieu de tous les mots lancés par tous ceux qui t'entourent, les miens, qui débordent et tombent en carillonnant dans l'eau trouble, parviendront à tes oreilles. 

Je me demande si le vent froid qui me glace et se glisse sous mon manteau t'arrivera doux et chargé de fraîcheur pour déposer sur les lèvres de ton visage dont il a surpris l'image dans mon cœur, un peu d'humidité vite léchée d'un coup de langue timide. 

Et tout cela, qui parcourt en un éclair mon esprit comme ta silhouette mes paupières, me rappelle que les mille mots que le soir tu inspires, sont les mille qu'au matin j'expire.

vendredi 14 avril 2017

Twisted fate.


Elles,  vérités doubles doubles,
           vérités troubles,
           vérités fourbes.

Jouons ce jeu où tu jouerais toi, et où je jouerai un autre, car partie perdue que d'être celui que je suis. Changeons les règles, modifions les chances. Avantage chacun : Je t'aime, tu me fuis. Plus loin tu iras, plus proche je serai. Je n'ai de souffle que tant que ton cœur bat, alors dans ta course effrénée, tâche de ne pas respirer pour éviter que je ne t'attrape.

Dualité des visions, sentiments, des réactions. Destin unique. Nous sommes les deux faces d'une même pièce, dans les mains d'un hasard joueur. Nos jeux n'ont aucune importance, car déjà faits, rien ne va plus. Tant que la pièce virevolte, nos esprits vacillent et continuent leur danse à la lumière de ces chandelles maintenant allumées pour ce dîner que nous n'aurons jamais.

Vivons chacun nos destins liés, à distance, d'aussi loin que nos regards portent. Ne nous perdons pas de vue : sitôt disparus l'un à l'autre, nous mourrons. Revivons encore et encore ces instants, que dans l'unicité du temps, nous fassions de la boucle de nos vies, une éternité.

Dans le regard de l'autre, nous verrions notre reflet, mais dans l'esprit de l'autre, nous n'aurions rien de celui-ci. Si nous accordions plutôt ces silhouettes brumeuses, contorsionnées par nos vérités alambiquées, aux images de nos véritables âmes. Ne me restreins pas à un simple souffle quand sur mon passage j'arrache tout, car alors tu redeviendras brillant quand je te faisais pierre précieuse.




                              .
                                                 Destin duel, festin cruel d'une vérité éthérée. 

mardi 31 mars 2015

Féminine rotondité.


Elles, Dianes pécheresses. Déesses perdues.


Vous revient-il en mémoire ces moments où les jours n'en sont pas vraiment ? Ces jours qui ne sont, à vrai dire, que des nuits éclairées ?  Quand le soleil, en un quelconque lieu de la voûte céleste s'est perdu à dorer de ses rayons une muse chère à son cœur et qu'enfin la lune seule, blafarde, diaphane rondeur, dont les courbes affaiblissent les esprits les plus hardis et terrassent les plus faibles soit la seule subsistante ?
Ces nuits blanches qui n'ont de blanc que les yeux révulsés d'un corps à l'agonie, sont propices à ces chasseresses qui n'ont de proie que le faible coeur des hommes. Ceux-ci, ayant de cette lune l'horreur sainte de la vie fuyant la mort, s'ouvrent un peu plus à ces orphelins rayons qui se seraient égarés sur le chemin menant à l'adorée de cet ancien astre désormais presque oublié des humains. Alors, sans défense, ils ne sont plus qu'offrandes au sacrifice noire d'une mort certaine.

                                                        C'était un jour comme celui-là qui a accueilli mon âme.

Tout n'était qu'immobilité morbide dans ce marasme de vie, mes yeux fouillaient le sol à la recherche d'un fragment de vie et alors qu'ils soulevaient quelques pierres disparates, les voilà qui tombent sur ces talons d'où le cœur prend vertige.  

À ce moment là d'une vie, de ma vie, le réflexe de survie qui ravit le cœur pour l'éloigner d'une mort certaine se fait sentir. Ce tressaillement est intuitif, poussant le corps à se mouvoir, à se sortir par n'importe quel moyen de l'ombre de la Faux. Pourtant le mien fut défaillant, emporté par la curiosité mais surtout hypnotisé par le mouvement de ces talons dont le battement se mêlait à celui de mon cœur.

Et les voilà donc, ces yeux, à leur fin allant, remontant vers un ciel enflammé, moucheté d'étoiles dont tu ne fit qu'une bouchée. Dans ta morsure furieuse, emporté le scintillement des astres et mon cœur innocent. La nuit avance sur la lumière et les derniers reflets disparaissent dans une brume opaque. Tu avances sur moi sans bouger et je recule silencieusement dans les derniers recoins d'un esprit qui ne peut déjà plus rien. Tout ce qu'embrassait mon regard a disparu.  Paupières closes, je te vois toujours. Et ton souffle sur mon cœur, long râle froid à glacer la mort continue de courir le long de ma nuque, sur mes épaules, dans mes poumons. Tes doigts sur mon âme glissent et s'y soudent un peu plus chaque fois. Ma peau s'hérisse de tout ce désespoir dont tu inonde une âme tarie.

                                             La mort s'est faite compagne à celles qui l'effraient. 

                                                        




                      

dimanche 23 novembre 2014

Souvenir, prisme hanté.

Elles, bourreaux maladroits.


2 887 200 minutes d'enfermement. 48 120 heures de torture. 2005 jours anéantis.


Nous soufflerions une quelconque cinquième bougie aujourd'hui, mais aucun soupir ne viendra jamais faire vaciller cette frêle flamme, étouffée avant même de naître des brasiers ardents de nos vies, désormais cendres. À une passion dévorante je me suis hasardé quand à dévorer ma patience tu t'es obstinée et notre destin fut celui de savoir qui du bourreau ou du martyr survivrait.

Il est de ces quêtes qui forment les êtres et de ces êtres qui guettent les monstres. Des monstres qui peuplent les cœurs et de ces cœurs corrompus. À des translucides spectres, ombres de leurs existences, elles s'immolent et se souillent de leur sang : Amer liquide à la douce couleur. À des chaînes trempées en pareil mélange tu fus attachée et dans un dédale souterrain ou nulle clairvoyante lumière ne filtre jamais, tu fus enfouie. Je me suis aventuré à tuer celui qui t'avait ravie à la chaleur du monde et j'ai erré dans ce labyrinthe à seule fin de te reconquérir. À affronter Hadès, ravisseur d'une Eurydice consentante, j'étais prêt. J'ai traqué des ombres et marché à la suite de pas fantômes, fouillé des coffres et pris des chemins décharnés. Mais au bout de mes douleurs et de mes discours, de mes palabres et de ta déraison, la vérité suinte de mes blessures béantes : Ce n'est plus dans la noirceur d'un cachot souterrain que ton âme demeure, prostrée, mais plutôt hypnotisée par la lumière aveugle d'un Lucifer déchu depuis longtemps, à qui ta passion soumise a sacrifié ta raison muette. 


Eurydice, mon aimée, fuis cet enfer où tu t'es scellée, ton absence a fait s'éteindre le seul soleil qui jamais ne s'est levé dans mon ciel. Ce fantôme que de ta passion doucereuse tu poursuis n'est plus depuis longtemps. Tout ce que ton esprit entrevois n'est plus qu'une lumière sépulcrale qui baigne le prisme de tes souvenirs. Déleste donc ce lieu où ton amour péris et à tout le reste, laisse toi doucement aller. Quitte cet ancien corps botté du marbre de la mort et meut seulement par une roideur mortelle qui de l'oubli s'est déjà fait une amante aimante, pour ce qui tremble sans équivoque près de toi.  De ces abysses profondes où ton passé m'a terrassé, survit encore mon amour insatiable.  



                                       Sur tes souvenirs passés, se découpe la lumière de notre avenir.                                


                       


                             . 

mardi 18 novembre 2014

Ersatz éphémères.

Elles, sempiternels renouveaux.  

Me feras-tu l'originalité de ne pas m'aimer ? Pourras-tu à l'instar de toutes les autres, me détester ? Mais oui, c'est cela, fige ton visage dans cette moue de dégoût qui m'affole. Oh, ces yeux, ces yeux aux pupilles rétractées, animales. T'apprêterais-tu à me tuer ? Non, même pas, je n'en vaux même pas la peine. Aucunement. 


Méprise-moi, haïs-moi. Ne pose ce regard sur moi que tant que cela est nécessaire. Ne me cherche pas, n'aies de pensées pour moi que tant qu'elles m'oblitèrent. 


" Te voir mourir serait un bonheur ". Aïe ! Au coeur, qu'est-ce ? Je ne sais !  Un emballement ? Ah, et là, qu'est-ce donc que cela ? Des petits papillons naissants, rampants, grandissants, dansants, virevoltants, mourants, tombant enfin, inertes. 


Serait-ce donc cela ce sentiment de joie qui t'inonde quand on est baigné de mépris. Est-ce donc cela qu'être sous la férule des feux de l'indifférence ? Oui, éblouis moi encore de cette froide indifférence , aveugle moi de cette haine que ton cœur déverse. Affuble-moi de cette laideur dont je suis ton model unique. Ne couche ta haine qu'à l'aurore de la folie. Et même à cela permets-toi quelques heures  de plus car la folie à cela d'attrayant qu'elle supprime tout autre barrière, laissant à l'esprit la plaine profondeur de ses passions, temps infini, carquois aux actions les plus radicales. 



Ma joie n'a donc plus de bornes, goulue noirceur, avide des ombres du monde. Aucune lumière ne vient déranger ces heures de bonheur sombre.


Qu'est-ce donc que cela ? Mes yeux m'auraient-ils trompé ? Un instant, j'ai cru voir.. Non, mon imagination. Aucun intérêt n'aurait pu se glisser dans cette langoureuse froideur que tu me porte. Hun, quoi ? Encore ! J'en suis convaincu maintenant, j'ai l'ai vu, senti ! 

                                                                                      Tu ne me détestes plus.                                                              

Malgré les discours que tu ne cesse de me répéter désespérément, j'ai percé à jour ce.. cet. Argh, j'en rage ! 


                                                          Cet amour que tu me portes, rouge sang. 

                                       . 

Laide horreur, où sont donc passé ces noirs yeux que tu me faisais, devenus doux maintenant ? Et ces adorables petites moues de mépris qui t'auréolaient comme autant d'oraisons funèbres ?  Auraient-elles succombé à un quelconque faible à mon endroit ? 


" Je crois que.. je t'aime. " Aïe ! au coeur, quel pincement bizarre ! Confession, festin d'amour dont je suis la cible ! Et dans cette étreinte amoureuse où tes sentiments me broient, mon âme échappe à ce premier baiser de plomb. 





                                                       Sublime-moi dans l'étroitesse de ton indifférence. 

               
             

mercredi 12 novembre 2014

Côté coeur, côté jasmin.

Elles, Pièces Uniques,


Rôle d'une vie que celui joué à tes côtés. Allons, laisse toi aller à cette pièce qui te veut actrice douée et moi, Dom Juan presque, Roméo certain. Entrons côté coeur et jouons.

Pour commencer, nous deux, seuls, transis, de froid bien entendu, l'amour suivra. Mais plus tard. Pour l'instant nous sommes dehors, transis de froid donc, les souffles incertains, usines à nuages éphémères.

Le décor. Un arrêt de bus. Vu et revu. Un café alors ? Pourquoi grelotterions-nous donc si nous sommes dans un café ? Un café sans chauffage peut être ? Non, même avec cela, c'est cliché. Très
bien, alors un champ de bataille, en hiver, en Russie, par -30. Da, ça me convient.

" Excusez-moi dirais-je, mes dents se fracassant l'une l'autre, c'est de quel côté le désert de Gobi ? " Tu me regarderais et lèverais  les yeux côté droit, fouillant ton cerveau à la recherche d'une réponse.  " Après le troisième étendard, à gauche il me semble. " laisserait filtrer suavement ta bouche, " vous ne devriez pas le rater. " Je m'émerveillerais de ta connaissance géographique, moins de tes yeux ni tout à fait bleus, ni tout à fait verts, se cherchant encore. Mes yeux fixeraient les tiens et ma bouche laisserait échapper, ayant berné ma vigilance, au bonheur des spectateurs absents : " Auriez-vous le temps de partager une fondue avec moi ? J'habite à quelques stations de métro d'ici. " Tu me regarderais avec de gros yeux larmoyants de froid, bleus cette fois et me répondrais : " C'est exactement ce à quoi je pensais. En même temps, depuis le temps que je suis à Paris, je n'ai pas encore mangé, une spécialité typique pensez-vous! " Nous prendrions le bus et ensuite le train pour Lyon, puisque le métro serait malheureusement en panne. Nous mangerions ensemble, ne s'arrêtant de parler que pour porter à nos bouches cette délicieuse soupe que tu m'aurais faite.

À l'acte suivant, nous nous tiendrions par la main. Tu serais ensevelie, prisonnière de mes yeux quand je serais noyé au fond des tiens. Entrerait alors par une porte dérobée Amare, mon valet, nous entretenant de choses douces et sans intérêt, ces petits rien qui sont le sel de la vie. Nous nous enfoncerions mollement dans ce nouveau lit que nous aurions acheter ensemble après avoir arpentés comme deux âmes errantes au  bord de l'agonie, les allées étroites et bondées d'un Ikea-grotte. Nous nous mêlerions à ne faire plus qu'un, Amare papillonnant autour de nous, muet d'émotion. Et les choses iraient ainsi, pas pour très longtemps, jamais assez de toutes les manières.

                                  
                                                    Perturbateur, Reine aux pics ardents.

Costume provocateur, robe noire, tiare aux diamants scintillants. Les yeux noirs, les cheveux châtains. Elle n'entrerait par aucune porte connue, mais serait portée par un vent et pénétrerait plus insidieusement encore, n'étant qu'une idée, un horrible secret à porter. Et elle te conspuerait en mon esprit, étant d'autant plus nombreuse que jamais je ne la verrais. Elle trônerait sur son piédestal, fait  de douleurs et de regrets, humide des larmes qui depuis tant d'années coulent, l'irriguant sans cesse. Et elle ne parlerait jamais, muette par plaisir, bavarde des actions qu'elle insuffle. 

Amare se ferait plus discret, ne venant presque plus. N'apparaissant qu'à ces moments où, ne réfléchissant plus vraiment à ce qui sera, nous glisserions sur une flaque de nostalgie et retomberions dans un souvenir. Alors les choses auront la délicieuse chaleur de ce lit que nous avions acheté, son confort, les sillons de ses draps que nous connaissions, routards avertis sur une route parcourue mille fois. Et le temps d'une nuit, nous nous retrouverions, s'étant perdu au fil des scènes, victimes d'un fantôme. Mais cela n'a plus d'importance, le temps est compté, tous comme nos jours, nos vies, nos sourires. Les dialogues les plus incertains construisent ce que les monologues les plus réfléchis fissurent.
                  
                                                  Raisonneur Carré, monstre de logique.

Et à tout le reste, succéderait la raison. Les délires ne seraient plus que des mirages incertains, des reflets au loin. Nous aurions d'un coup grandi, enfants hier, aujourd'hui adultes. Et dans ce laps de temps qui n'aurait pas tout à fait durer une vie, nous nous serions raisonnés.
Raisonner à ne plus se comprendre. La logique aurait fait de nous des êtres à l'esprit éclairé des lumières absentes de nos cœurs. Et dans un sombre prisme où nous ne nous verrions plus, nous biaiserons ces visages sur lesquels, hier, nous aurions posé un baiser.

Et d'un coup, comme cela avait commencé, au détour d'un champ de bataille, en hiver, par -30, le rideau tomberait sur cette pièce en une neige au goût acre, simulacre d'un printemps japonais, cerisier en fleur pleureur.    






                                                                                                  sublimées.
                                               Amour, théâtre de deux vies jouées.
                                                                                                   huées.

jeudi 30 octobre 2014

Déferlante vague.

Elles, Implacables Ménades.

N'est-il pas délectable ce sentiment langoureux qui te prend au cœur ? N'est-ce pas ce que désespérément tu as recherché ?

Au seuil de la mort de mon être entier, tu n'as de paroles plus amères que celles dont tu me berce.  Et tant que se poursuis cette douce litanie de cet Autre, succombe ces derniers instants de toi en moi. À mon dernier passage sur la terre des vivants, avant que mon âme ne traverse ces lieux décharnés, je verrai de mes yeux fermés Orgueil et Cœur, striés des griffures de la Haine, maudissant celle que tu es.

Charon certain, n'accompagne pas celui qui de tes paroles se retrouve à tes pieds. Secoues cette barque vers des Enfers miséricordieux. La mort est une amante bien moins cruelle que toi. Sur un fleuve de déchéance je naviguerai, à l'aveugle, sans rien entendre, et sans dire mot, la bouche encore lourde d'argent tu, quand d'or seul je t'assourdissait.

Et ces silences dont je faisais mes plus beaux chants seront autant de funèbres sons à l'approche de ta perte.  Quand enfin éveillée de ce sommeil d'ignorance dans lequel tu t'es plongée, Belle au Bois dormant, piquée au fuseau des illusions tressées par des fileurs fourbes, tu périras, ton prince empalé sur les cornes d'un beau Minotaure imbu et narcisse. Fil d'Ariane tu n'as voulu suivre, à celui de tes souvenirs tu seras pendue.

" Tu penses donc qu'il m'a remarquée ? " Comment ne pourrait-il pas le faire ? Tu es ce que la création a su faire de mieux, et toutes les autres ne sont qu'insignifiantes à côté de toi. Tu parais, Lune sublime, en un ciel tien, quand les étoiles ne reflètent seulement que la lumière dont tu les baigne. Et toi Cléopâtre, te poser cette question indécente de savoir s'il t'as remarquée ?

" Je ne sais pas, je pense qu'il a dû le faire, il n'a pas pu te rater " Et ces paroles qui puisent en mon âme la force de se faire entendre par toi sont autant de force employée à creuser une tombe que tu me destine.



                    Vague à l'âme en mon âme vague quand vogue ton âme, drame des amours de tes amants lamentables.